Aller au contenu principal
Fermer

Un détenu de Vendin obtient une permission de sortir, Darmanin veut changer les règles pour les narcotrafiquants
information fournie par AFP 23/11/2025 à 21:03

La prison de Vendin-le-Vieil, le 10 avril 2025 ( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

La prison de Vendin-le-Vieil, le 10 avril 2025 ( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

La permission de sortir accordée à un détenu de la prison pour narcotrafiquants de Vendin-le-Vieil, autorisé par la justice à se rendre lundi en région lyonnaise, suscitait dimanche la polémique, le garde des Sceaux Gérald Darmanin affichant sa volonté de revoir les règles de l'application des peines en matière de criminalité organisée.

Le détenu du nouveau quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), libérable en 2029, a rendez-vous avec un potentiel employeur.

Un juge de l'application des peines (JAP) de Béthune (Pas-de-Calais) a émis une ordonnance octroyant cette permission de sortir "employeur", malgré un avis défavorable du parquet, a indiqué le procureur de Béthune Etienne Thieffry.

Le parquet a fait appel, mais la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Douai a confirmé l'ordonnance du JAP, a-t-il ajouté.

Lundi, ce détenu sera pris en charge par son épouse puis effectuera l'aller-retour vers la région lyonnaise dans la journée, et sera réintégré en détention le soir, a indiqué à l'AFP une source pénitentiaire.

Cette autorisation de sortie se fera donc sans escorte car "ce n'est pas le cadre habituel d'une permission de sortir employeur", a précisé cette source. "Néanmoins les forces de l'ordre locales ont été averties", a-t-elle ajouté.

La sortie du détenu se fera entre 7H00 et 21H00, a confirmé une source pénitentiaire à l'AFP.

Un "dispositif" sera mis en place toute la journée, a indiqué l'entourage du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez à l'AFP.

- "Critères légaux" -

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, à la sortie de l'Elysée, le 14 octobre 2025 à Paris ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, à la sortie de l'Elysée, le 14 octobre 2025 à Paris ( AFP / JULIEN DE ROSA )

Le procureur de Béthune, qui n'a pas souhaité commenter le fond de l'affaire, a admis que le détenu était "dans les critères légaux" pour cette permission de sortir. "Après, tout est question d'opportunité et d'appréciation", a estimé le magistrat.

"C'est l'un des objectifs de la peine d'emprisonnement que de favoriser la réinsertion, pour permettre à la personne de retrouver sa place sans risque de récidive, après avoir payé sa dette envers la société", a-t-il rappelé.

Cette autorisation de sortie avait suscité dès samedi l'incompréhension de syndicats pénitentiaires, l'Ufap-Unsa Justice s'émouvant dans un communiqué d'"une décision totalement déconnectée des exigences, des réalités et des contraintes imposées chaque jour aux personnels pénitentiaires".

Le QLCO de Vendin-le-Vieil accueille depuis cet été 100 détenus considérés comme les narcotrafiquants "les plus dangereux". Une autre prison de haute sécurité a depuis ouvert ses portes à Condé-sur-Sarthe (Orne) et d'autres doivent voir le jour.

"On ne peut pas imposer un régime ultra-renforcé, dire publiquement qu'on y incarcère les plus grands narcotrafiquants du pays et voir s'appliquer des décisions qui contredisent cet ensemble frontalement", a déploré Alexandre Caby, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice.

Voulus par le ministre de la Justice Gérald Darmanin pour accueillir les principaux narcotrafiquants, les QLCO visent notamment à les empêcher de communiquer avec l'extérieur, pour éviter qu'ils continuent de gérer leurs trafics depuis leurs cellules.

Leur création a été actée dans la loi narcotrafic, promulguée en juin.

"La décision d'accorder une permission de sortir relève de l'autorité judiciaire, qui statue de façon indépendante", a commenté dimanche le garde des Sceaux sur X, tout en rappelant "l'opposition du procureur de la République et du chef d'établissement de la prison" à cette décision.

Cet "épisode" met pour Gérald Darmanin "en lumière un enjeu plus large: notre cadre législatif d'application des peines doit être pleinement revu face aux réalités de la grande criminalité organisée".

Il a dit souhaiter, comme en matière de terrorisme, "un droit spécifique et un juge d'application spécialisé qui connaît parfaitement les profils dangereux", et entend proposer ces changements dans le cadre du prochain texte de loi qu'il présentera "en début d'année prochaine".

Ce "scandale", après celui de "l'évasion à Rennes d'un détenu lors d'une visite au +planétarium+, est vu par le président du Rassemblement national Jordan Bardella comme "l'échec" de la politique de Gérald Darmanin, "faite de communication grossière et de coups de menton sans lendemain".

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • PHOTO DE FICHIER : L'écrivain algérien Boualem Sansal prononce son discours après avoir reçu le Prix de la Paix de l'association allemande des libraires à Francfort
    information fournie par Reuters 23.11.2025 22:27 

    PARIS (Reuters) -Ma parole n'est pas entièrement libre et je contrôle chacun de mes mots, a déclaré dimanche l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, pour sa première intervention publique depuis son retour en France à la faveur d'une grâce présidentielle accordée ... Lire la suite

  • L'écrivain Boualem Sansal pose à Paris le 4 septembre 2015 ( AFP / Joël SAGET )
    information fournie par AFP 23.11.2025 22:13 

    Pour sa première prise de parole depuis sa libération par l'Algérie et son retour en France, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a assuré dimanche avoir toujours voulu "la réconciliation" entre les deux pays, en reconnaissant que sa parole était bridée par ... Lire la suite

  • Un électeur dépose son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote à Bissau, le 23 novembre 2025, lors des élections présidentielles et législatives en Guinée-Bissau. ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
    information fournie par AFP 23.11.2025 22:05 

    Les électeurs bissau-guinéens ont voté dans le calme dimanche pour élire leur prochain président et leur parlement, avec l'espoir de tourner la page des turbulences politiques mais en l'absence du principal parti d'opposition et de son candidat. Les bureaux de ... Lire la suite

  • Une femme vote lors du référendum organisé sur le suicide assisté en Slovénie, à Ljubljana le 23 novembre 2025 ( AFP / Jure Makovec )
    information fournie par AFP 23.11.2025 21:57 

    Les Slovènes ont voté dimanche contre la légalisation du suicide assisté, lors d'un référendum organisé après une campagne contre cette loi lancée par ses détracteurs, soutenus par l'Eglise catholique et l'opposition conservatrice. La question posée aux Slovènes ... Lire la suite

Pages les plus populaires